J’ai horreur qu’on me manque de respect. On critique souvent les jeunes sur leur insolence, mais parfois les vieux ne se comportent pas de manière plus honorable envers eux. L’autre jour, je suis rentrée dans une boutique d’un opérateur de téléphonie mobile et la conseillère s’est adressée à moi en me tutoyant sur le ton du copinage, attitude qui a eu le don de m’agacer. Pourquoi a-t-elle ressentit le besoin de me parler avec condescendance ? Sous prétexte que j’ai 22 ans, je n’ai pas le droit au même ménagement que les autres adultes ? Car au risque de paraître exagérée, je considère le tutoiement des vendeurs comme un manque de respect à l’égard du jeune. Une faute de politesse, une absence de considération. Et même, une sorte de dédain, de mépris. La courtoisie oblige les adultes à se vouvoyer entre eu lorsqu’ils ne se connaissent pas : peut-être ne m’estimait-elle pas une personne majeure et responsable ? Ne paraissais-je pas suffisamment mature à ses yeux ? Jugeait-elle que je ne fusse pas encore autonome ? Ou bien définit-elle un âge à partir duquel le tutoiement est toléré ? Je crois qu’a partir du moment où quelqu’un entre dans son commerce en tant que client, elle se doit de le traiter avec le même égard que n’importe quel autre personne, peu importe l’âge.
De même, l’autre jour, je me suis rendue dans une boulangerie, et après avoir tendu ma monnaie de 10€, la vendeuse m’a remis un billet de 5 caché sous un petit tas de pièces. En y prêtant attention, j’ai remarqué que ce dernier était déchiré, complètement abîmé, et marqué dessus. Je l’ai rendu à la boulangère, qui a émis un borborygme se traduisant sans doute par « putain cette gamine m’a grillée. » Elle devait penser que je ne dirais rien et repartirais tranquillement avec ce billet salement détérioré. Elle m’avait donc délibérément refilé sa monnaie fiduciaire dégradée ? Etait-ce à cause de mon jeune âge ? Aurait-elle osé proposer ce billet s’il s’était agit d’un grand monsieur baraqué ? Je ne pense pas non. En y repensant j’ai trouvé cette attitude perverse de la part d’un vendeur : elle avait essayé d’abuser de ma crédulité, croyant sans doute qu’une jeune comme moi ne remarquerait rien avant de ressortir le billet ou au pire n’oserait pas demander à l’échanger.
Autre exemple. Dans la vie courante, je m’efforce toujours de me montrer polie et courtoise avec les vendeurs (sauf ceux de France Loisir qui nous poussent systématiquement à des consommations outrancières inutiles). Quand je mange au RU je souris aux dames de cantine, en songeant qu’elles n’ont pas forcément un métier facile. Mais parfois se je me fais agresser car j’ai commis le sacrilège ultime de prendre seulement un plat sans dessert et entrée. Heureusement ce cas reste éloigné la généralité. Néanmoins dans ces cas-là je me sens offensée : j’essaye au plus possible de rester agréable avec n’importe quel autre être humain sachant tout le bénéfice d’un simple sourire (tant qu’on ne me harcèle pas pour que j’achète des produits totalement superflus) et la seule réponse que je reçois c’est du mépris.
Quand on voit comment se comporte des vieux en société, je crois que la jeunesse n’est pas la seule à admonester. Certes, il existe des carences comme dans toute chose. Je ne cautionne évidemment pas le comportement des « weshs » qui se prennent pour des kailleras parce qu’ils toisent les passants avec dédain et crachent par terre, ou ces « kikoolol » qui se plaisent à critiquer les tenues vestimentaires des uns et incapables de décrocher les yeux de leur portable plus d’une seconde. Mais ils ne valent pas moins que ces vieux qui doublent toute la file d’attente au nom de leur âge ou ceux qui ne savent pas adresser la parole autrement qu’en aboyant sur son interlocuteur. A mon âge, j’estime avoir le droit à autant de respect que les autres adultes.